AGORAMANIA : des grands espaces de Provence à la wilderness d'ailleurs
Des +6400 m de Bolivie aux -400 m de Jordanie, des monastères perchés des Météores aux églises troglodytes d'Abyssinie, des mosquées d'Ispahan aux dômes nervurés de Samarcande, du sable blanc du Nouveau-Mexique aux pitons gréseux du Hoggar...
Et oui la Provence littorale compte bien des sources chaudes ! On trouve sur une portion de côte de nombreuses exsurgences d’eau chargée en soufre, le plus souvent sous-marines. Le débit de ces exsurgences chaudes semble varier suivant la pluviométrie des semaines précédentes, ce que j’ai constaté dans la vasque des photos ci-dessus, avec une température ressentie (pour donc le mélange d’eau de mer et de source chaude) proche de 30°C le 23 décembre (après plusieurs semaines de précipitations importantes) et plutôt de 25°C ce 12 janvier (après plusieurs semaines de sécheresse). Ces variations de débit et donc de température prouveraient que la chaleur proviendrait – de manière inhabituelle - plus d’une réaction chimique exothermique sur les eaux de pluie infiltrées que d’un phénomène géothermique…
Quoi qu’il en soit, on peut donc y profiter d’un barbotage agréable face au soleil couchant qui illumine l’horizon, une sensation encore agréable comparativement aux 14°C de la Méditerranée, et une nouvelle découverte dans une région décidément surprenante !
en tenues de source chaude ou d'hiver, face au crépuscule
après la longue pause baignade, long temps de pose
Découverte d’une grotte située versant sud de la Sainte-Baume entre Cuges-les-Pins et Signes, connue pour avoir été le lieu de tournage du film « Manon des sources » - dans la version de Claude Berri en 1986 – pour la scène du lac souterrain. On peut y admirer, non pas Emmanuelle Béart en tenue d'Eve prenant son bain (ah les émois d’adolescent !), mais un des plus beaux concrétionnements de la région, pour une approche « facile » (quelques dizaines de mètres de désescalade à travers châtières et boyaux, le tout sur un sol parfois un peu boueux) et qui ne demande en tout cas pas la corde. La dernière salle offre en effet un volume inhabituel, une cathédrale de calcite sur un côté avec une immense coulée de méduses sur une quarantaine de mètres de haut, face à des colonnes et une chandelle suspendue exceptionnelle, un vrai lustre de pierre à allumer à la frontale !
Au-delà de son intérêt patrimonial, cette grotte du Vieux Mounoï propose donc pour la région un des meilleurs ratios intérêt spélestéthique/temps d’approche et de parcours (30 minutes de marche + 30 minutes de progression spéléo dans des boyaux et chaos de blocs), le plus difficile étant comme souvent de trouver au départ LA galerie qui ne soit pas une impasse mais mène bien au Graal de la salle finale !
la grotte, ses lierres et ses trous au plafond
dans la première grande salle (cul-de-sac)
dans l'avant-dernière salle, draperies et fistuleuses
dans la salle du bas 50 mètres sous la surface, superbes méduses en mur de 40 mètres et en chandelle
Voie "les plaques grises", 3 longueurs, équipé, 6a max
à mon sens 5b+/5b/6a (soutenu)
Sur l'aiguille tordue, couennes "face sud", plutôt 6a que 5c à mon sens et "37,2° le matin", 6b
Retour vers le socle de la Candelle, une valeur sûre de l’escalade par mistral modéré, sur les 3 longueurs de la voie des « plaques grises ». C’est un itinéraire historique qui suit des vires et fissures dans l’un des rares secteurs abordables de la falaise, entre des murs lisses ou déversants de rocher rond, mais qui n’est pas si facile avec notamment une dernière longueur annoncée en 5c et qui vaut sans doute plutôt 6a, soutenue et raide avec un équipement bon mais obligatoire, et un petit vol de mon côté sur rupture de la bonne prise inversée main gauche du bas de la longueur (désolé pour les suivants !).
Courte virée grimpe face sud du rocher Saint-Michel au-dessus de Callelongue, vers la voie « couci couça » et ses 2 longueurs de calcaire face aux îles, une voie assez soutenue dans le 6a (avec un pas de 6b au départ de L2) et variée dalle, dièdre et (petit) dévers. On descendra du rocher par les rappels de la grotte de l’ermite (très fréquentée ce jour), une valeur sûre du rappel esthétique avec son fil d’araignée face aux murailles de falaise du rocher des Goudes et de l’île Maïre.
Un petit bilan en images de l'année nature écoulée :
Encore une année impactée par le covid, et aux voyages donc généralement relocalisés en Europe par les contraintes que je préfère qualifier de réglementaires que de sanitaires, tant mieux pour le bilan carbone et tant pis pour l’exotisme culturel et/ou naturel.
Les Alpes nous offriront un beau terrain de jeux hivernal et printanier en 2021, avec encore une saison faste pour le ski de randonnée, se déplaçant peu à peu des confins de la Provence sur le Chiran début janvier aux glaciers du Mont-Blanc fin juin
avec entre temps des virées dans le Champsaur et Briançonnais en février
puis en Oisans en mars.
Un enneigement abondant – surtout au nord des Alpes, couplé à de nombreux créneaux météorologiques favorables donneront donc de belles sessions, dont on retiendra particulièrement une journée d’anthologie dans la poudreuse vierge du Valgaudemar sur le pic de Disdier en février.
Place ensuite aux activités d’eaux vives ou non : canyonisme pour découvrir de beaux encaissements de proximité, l’Infernet à la Sainte-Victoire :
ou des classiques encore jamais parcourues, le val d’Angouire dans le Verdon :
kayak de rivière, les gorges du Gardon :
et de mer, les îles Pontines et leur incroyable géologie volcanique :
L’été à la météo instable permettra plusieurs virées dans le Verdon rendu fréquentable par la fraîcheur puis sur les dalles de la Taillante
ou le gneiss de la Tête des Toillies
des classiques méritées de la grimpe (parfois engagée) dans le Queyras, avant un voyage varié au nord de l’Espagne, de la Navarre aux Asturies, des canyons de la Sierra de Guara
aux big walls de calcaire des Picos de Europa, en passant par le désert aux allures de western des Bardenas Reales.
L’automne permettra de retourner régulièrement sur les falaises maritimes de calcaire
ou de grès, dans des classiques équipées ou du terrain d’aventures… aventureux voire scabreux, et de découvrir le brame des cerfs dans les Abruzzes
puis la Transylvanie roumaine, ses montagnes de conglomérat
volcans de boue et châteaux encore bien préservés du tourisme de masse.
Fin décembre on profitera des eaux chaudes et surtout riches de la Mer Rouge, bien loin de la pluie tombant sur les Alpes jusqu’à 3000 mètres, à la rencontre entre autres des nombreuses raies pastenagues, raies guitare et « raies moras » ([sic]) collé.e.s sur ou sous les tortues !
Voie "le puits du diable", seconde partie, 5 longueurs, équipé, 5c+ max
5c/5b+/5c+/marche/5b
Retour sur cette voie d’escalade de la montagne Sainte-Victoire, l’une des rares équipées, qui plus est dans un niveau V, ce qui en fait un des itinéraires du cru les plus adaptés pour l’initiation. La voie remonte une succession discontinue de ressauts le long du sentier jaune, mais offre de beaux passages de grimpe, notamment sur l’éperon de L2, la fissure de L3 et surtout la jolie et longue dalle de L5.
L’intérêt résidera de toute façon plutôt dans l’ambiance du jour, atypique au-dessus des entrées maritimes qui recouvrent toute la région provençale sous l’altitude de 800 mètres, une vraie Mer Blanche de nuages sous les chaussons, le lendemain du retour de la Mer Rouge. Avec le mistral modéré du jour la mer nébuleuse s’avérera bien agitée, avec de l’écume qui s’effiloche en volutes, une marée montante en début d’après-midi puis descendante en fin d’après-midi, de quoi faire émerger les îles de la Sainte-Baume, du Mont Saint-Cyr et de la Tête du Grand Puech, bref un vrai spectacle maritime à savourer aux relais, où l’on peut se croire dans les calanques au-dessus de la Grande Bleue !
L2, au-dessus des vagues de brume, à marée montante
L3
contre-mer dans L4
L5
ambiance maritime à la Croix de Provence, marée descendante face aux îles de Sainte-Baume et de l'Etoile
Quelques images des montagnes de Méditerranée vues depuis le vol Istanbul - Marseille du 1er janvier, avec la mer de nuages qui s'étend des côtes adriatiques au Golfe du Lion !
les Alpes du Monténégro (Prokletije) et d'Albanie (Valbona) vues du nord-est, à découvrir à skis !
la vallée de Gornje Lipovo au Monténégro et l'immense plateau suspendu qui la domine, à découvrir à skis !
les Abruzzes, au premier plan le plateau de Campo Imperatore à gauche et le Corno Grande à droite
le massif corse du Cinto, au-dessus de la mer de nuages
Il s’agit sans doute du plus beau spot de plongée bouteille/snorkeling de la côte, malgré la proximité des complexes touristiques qui encadrent la plage, et donc la forte fréquentation du site par les plongeurs bouteilles ou masque et tuba, sans que tout cela semble nuire à la richesse naturaliste du site.
On y trouve effectivement une variété et densité de faune sous-marine encore plus importantes qu’ailleurs, avec notamment dans le grand herbier de très nombreuses tortues vertes (surmontées ou « sous-montées » de leur voire leurs rémora.s, et jusqu’au nombre de 4 dans un disque de 10 mètres de diamètre) et raies, dont des espèces peu communes telles que la raie léopard ou la raie guitare. Les récifs sur les côtés de l’herbier ne sont pas en reste, avec leurs formations coralliennes riches et diversifiées, et leur faune non fixée aussi colorée que leurs forêts de polypes, l’écosystème corallien figurant décidément parmi les plus esthétiques de la planète…
Dans cette réserve marine d’accès payant où pêche et chasse sont interdites, les poissons ont perdu tout ou partie de leur méfiance naturelle envers leur principal prédateur et s’avèrent plus curieux et joueurs que peureux avec les plongeurs, particulièrement pour les girelles paons de Mer Rouge et poissons-chirurgiens qui prennent facilement la pose. Pas difficile non plus de tirer le portrait des nombreuses tortues, pas plus incommodées par les rémoras qui s’accrochent à elles que par les plongeurs qui les frôlent caisson photo en main. Seule déception du séjour, et pas la moindre, les (rares) dugongs ne se seront pas laissés admirer malgré leur présence avérée sur site (l’avant-veille d’une de nos plongées à Marsa Egla) ; les vaches de mer se montrent finalement plus farouches que les chèvres des montagnes !
le 28 décembre : les buissons de corail et leurs nuages de poissons colorés
Virée à Tondoba, site de plongée situé au voisinage sud immédiat de Marsa Alam, et intéressant - comme souvent dans cette zone - aussi bien par le récif corallien que par l’herbier. On y naviguera en kayak pour la seule fois de ce voyage en Mer Rouge, le kayak ne s’avérant pas indispensable le long de ces côtes basses d’accès terrestre facile partout, et ce alors que tous les sites de plongée peuvent se rejoindre facilement à la nage depuis la mise à l’eau. Quoi qu’il en soit encore un beau site de plongée, particulièrement pour son récif qui vire au plateau de corail quelques centaines de mètres au nord du club de plongée.